Morphologie du romantisme
Un
bistrot du quartier de l'Opéra. Deux hommes, jeunes. Gris : cheveux gominés
vers l'arrière, lunettes rectangulaires. Beige : cheveux gominés
légèrement bouclés.
B: -
En 2008 c'est décidé je fais le tour du monde.
G: -
Oui, ça peut se faire.
B: -
2007, c'est ma dernière année de salarié.
G: -
Ah ?
B: -
Oui, le plus chiant avec ce boulot, c'est les courbettes au patron. Je supporte
pas. Dire bonjour au patron tous les matins. Le client, je me lève pour lui
dire bonjour. Et puis bosser pour un patron qui roule en C5, ça m'écoeure. D'accord,
la C5, c'est une jolie voiture, mais tu imagines le train de vie qui va avec :
la maison, les sorties, ça fait pas rêver. J'aimerais bosser pour un patron qui
roule en Maserati.
G:
-...
B: -
Je veux un train de vie de Maserati.
G: -
Pour y arriver, c'est pas encore !
B: -
Ou alors faut trouver une femme très riche !
G: -
Je suis déjà sorti avec une fille très riche. Elle avait de très gros seins, un
joli visage, de jolies petites fesses, mais j'avais pas les épaules assez
larges. J’ai pas pu la garder.
B: -
Ah...
G: -
Ta copine a l'air douce.
B: -
Oui, mais je crois que je vais pas rester longtemps avec elle. Je préfère
enchaîner les relations.
G: -
Ah bon ?
B: -
Oui, je suis résigné là-dessus, je suis solitaire.
G: -
Tu dis ça parce que tu n'as pas rencontré la bonne. Un jour ça te tombera
dessus, tu ne te poseras plus de question. Pas du tout ce que tu avais imaginé.
Même pas ton genre de fille.
J'ai
même un pote qui sort avec une vieille !
Gris
jette un regard à la table voisine et se tait brusquement.