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24 février 2008

Cliché d'été indien

Un peintre pointilliste ne peut donner que de l’amour en pointillé (Juliette)
 

Accroupie au coin du bac à douche, la femme plaque ses mains sur ses oreilles. Dans la chambre, l’homme parle au téléphone, à une autre femme, dans une autre ville, loin. Il bavarde, il prend son temps. La femme, dans la salle de bains rutilante et blanche, bouche ses oreilles, clôt ses yeux. 

Ils sont allés au bord du fleuve, à la tombée de la nuit. L’air exhalait la douceur de ces premières journées d’automne. L’eau parfaitement lisse reflétait les lumières et les ombres des ponts, les bâtiments aux éclairages colorés le long des berges, les arbres et les dernières lueurs orangées du couchant. Ils étaient souvent venus séparément à cet endroit auparavant, ils ne l’avaient jamais vu resplendir ainsi. Il a regretté de ne pas pouvoir prendre la photo. Elle préférait que cette image s’imprime dans leur mémoire. Ils ont marché.

Elle se remémore cet homme, autrefois. Ce soir, il a bavardé, n’a laissé aucune place au silence. Il a proposé qu’elle l’accompagne à son hôtel. Maintenant il parle à un téléphone mobile, elle, l’attend. 

Un sanglot la submerge doublé d’un élan de colère. Elle sort du réduit, saisit ses chaussures et son sac, lance un regard à l’homme occupé qui s’étonne, part de la chambre, dévale les trois étages, marche très vite dans la nuit, libre, elle respire, elle fuit.

Le cœur lourd.


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