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Issues dérobées

17 janvier 2010

Angoisse au muséum

La lueur des vitrines laisse deviner le visage blafard de la mère.
"C'est un fou de Bassan" murmure-t-elle.
"On a vu le loup ?" demande l'enfant.
"Non, ce n'était pas un loup"
"Mais où est papa ?"
On entend au loin les pleurs étouffés d'un bébé, des pas assourdis.
"On va voir les dinosaures?"
"Oui on va y aller".
Elle le prend par la main. Au détour d'un couloir obscur, une femme leur indique l'ascenseur. A l'étage, ils sont arrêtés devant un squelette gigantesque.
"C'est un ptérodactyle" souffle la mère.
"Il est où papa ?"

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4 avril 2009

à peine un souffle de ventet le monde entier



à peine un souffle de vent
et le monde entier vacille

esprit égaré

3 avril 2009

p

2 avril 2009

Gazelle

 

 

 

Le kinésithérapeute que je consulte pour un redoutable lumbago, m'examine sous toutes les coutures, et me déclare :

-Vous êtes sportive !

Pas l'once d'une interrogation dans sa voix, une affirmation. Pourtant mon capital adipeux surpasse de beaucoup mon capital musculaire.

 

-Non !

- Alors vous l'avez été !

Etre ou avoir été...Il insiste.

-Non ! Enfin, à peine, comme tout le monde, si peu.

- Pourtant vous êtes taillée comme une sportive.

Je vais finir par le croire, malgré ma petite taille , ma jambe plus courte que l'autre et mes rondeurs.

-Ah bon ? Vraiment ?

-Oui, vous auriez pu être championne du cent mètres.

-En course à pied ???

-Oui !

Alors là, je frise le scepticisme : j'ai toujours été très mauvaise en gymnastique au lycée, les seules disciplines dans les quelles j'excellais étant le grimper à la corde et la danse moderne.

-Mais je n'ai pas de souffle !

-Pour le 100m vous n'en avez pas besoin, vous n'avez pas le temps de respirer.

-Ah..oui...Quoique il y a deux ans j'ai fait une course de dix kilomètres...Je suis arrivée avant-dernière.

-Normal, l'endurance c'est pas votre truc.

 

Je le savais : les efforts intenses et courts plutôt que longs et intenses. Mais tout de même, il m'ouvre des horizons cet homme. J'imagine déjà l'entrainement régulier, le bandeau sur le front, et les mollets d'acier.

 

-Eh, si je m'y mettais maintenant ?

-Là il est vraiment trop tard maintenant.

 

Oui, trop vieille...

Et voilà comment on tue une vocation dans l'oeuf.

C'est une gazelle qu'on assassine.

 

5 novembre 2008


ouverture

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27 octobre 2008

Morphologie du romantisme

Un bistrot du quartier de l'Opéra. Deux hommes, jeunes. Gris : cheveux gominés vers l'arrière, lunettes rectangulaires. Beige : cheveux gominés légèrement bouclés.

 

B: - En 2008 c'est décidé je fais le tour du monde.

G: - Oui, ça peut se faire.

B: - 2007, c'est ma dernière année de salarié.

G: - Ah ?

B: - Oui, le plus chiant avec ce boulot, c'est les courbettes au patron. Je supporte pas. Dire bonjour au patron tous les matins. Le client, je me lève pour lui dire bonjour. Et puis bosser pour un patron qui roule en C5, ça m'écoeure. D'accord, la C5, c'est une jolie voiture, mais tu imagines le train de vie qui va avec : la maison, les sorties, ça fait pas rêver. J'aimerais bosser pour un patron qui roule en Maserati.

G: -...

B: - Je veux un train de vie de Maserati.

G: - Pour y arriver, c'est pas encore !

B: - Ou alors faut trouver une femme très riche !

G: - Je suis déjà sorti avec une fille très riche. Elle avait de très gros seins, un joli visage, de jolies petites fesses, mais j'avais pas les épaules assez larges. J’ai pas pu la garder.

B: - Ah...

G: - Ta copine a l'air douce.

B: - Oui, mais je crois que je vais pas rester longtemps avec elle. Je préfère enchaîner les relations.

G: - Ah bon ?

B: - Oui, je suis résigné là-dessus, je suis solitaire.

G: - Tu dis ça parce que tu n'as pas rencontré la bonne. Un jour ça te tombera dessus, tu ne te poseras plus de question. Pas du tout ce que tu avais imaginé. Même pas ton genre de fille.

J'ai même un pote qui sort avec une vieille !

 

Gris jette un regard à la table voisine et se tait brusquement.

 

25 octobre 2008

Odeur de sainteté

 

J’ai rempli le seau d’eau chaude. Deux poignées de lessive saint Marc à la résine de pin. Si je ferme les yeux, ce mélange boisé savonneux rappelle un peu la térébenthine et me replonge dans l’atelier de peinture de mon grand-père.

 

D’abord, j’ai passé la serpillière à l’eau claire, pour enlever le plus gros. Je l’ai tordue essorée plusieurs fois, en contemplant l’eau légèrement colorée que je vidais au fur et à mesure. Maintenant je vais passer le balai espagnol pour finir. Je voudrais que tout soit net quand ils arriveront.

J’ai rencontré Gisèle au salon de thé « les délices de Sapho ». J’ai demandé à m’asseoir à sa table, étonnée de mon audace. J’étais sure de moi. Tout naturellement nous sommes ensuite sorties déambuler en ville, puis je l’ai invitée à dîner chez moi. En marchant, elle passait parfois son bras sur mon épaule.

Pendant que je préparais le repas, elle est allée prendre une douche pour se rafraîchir. Elle est revenue, derrière moi, j’étais devant l’évier, elle a posé ses mains autour de mon cou. Je me suis retournée. Elle était nue et magnifique et son corps dégageait un parfum d’algue et de miel et de félin, une évocation de l’enclos des tigres au zoo. Son visage m’appelait si fort, quelque chose d’irrépressible m’attirait vers elle. Si belle. C'était plus fort que moi, comme une vague qui m'a submergée.

Elle est encore si belle.

Le couteau, un couteau de cuisine de vingt centimètres, en acier de Solingen, inoxydable, offert par ma grand-mère lorsque j’ai emménagé, je l’ai lavé et reposé sur la paillasse.

Ca sent la rouille et l’urine. J’ai un peu envie de vomir.

La police ne tardera plus maintenant.

24 octobre 2008

vitrail

18 août 2008

nuages

29 juillet 2008

Vulnerant omnes



égrenant les heures
le va et vient du pendule
est imperturbable

 

Enfants sur un manège. Ciel indigo. Nuages étincelants. Cheval noir ou blanc. Echeveau de crin, crinière de bois brun. Certains veulent sauter en marche. Envie de vomir, mal au cœur. Vertige. Trop vite. De circonférences en spirales de nausée.
Les autres ne se lassent jamais, tournent jusqu’au soir, jusqu’à la nuit tombée, aspirent l’air fraîchissant. Changent de destrier. Fourmi géante, aux antennes de laiton, aux yeux de chêne. Machine volante de Léonard de Vinci. Chimère aux ailes de cuir. Les couleurs se mêlent se mélangent et se fondent. L’orgue de Barbarie lancine sa rengaine limonaire.

Descendre. Trop tôt ? C’est le moment. Et la peur ? La poitrine se soulève, trop rapide, sous la blancheur du drap. Un faible sourire éclaire les lèvres, noircit le regard. 

Mourir, elle n’a pas peur.
Seule cette douleur.

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