message pour Elsa
Ils
s’écrivent
ils se téléphonent rarement
de façon imprévue
rendre l’absence plus légère.
3 juillet
Trois heures du matin. Un cri la réveille, son cri de terreur, qui la projette hors du sommeil, tremblante, le souffle coupé. Nouée. Elle allume le PC, regarde les dernières photos que Gilles lui a envoyées de son reportage en Chine. Elle lui écrit un long message puis se recouche.
4 juillet
Sa lettre raconte une visite d’usines dans
la province de Guangdong, puis dans le Sichuan à Chongking et Chengdu, une
région très peuplée, où se fabriquent plus de cinq cent millions de paires de chaussures. Elle
sourit aux minces feuilles de papier de
riz couvertes d’idéogrammes qu’il a glissées dans l’enveloppe.
7 juillet
L’avion arrive ce soir. Des pêches aux épices
frémissent sur le feu, elle travaille en écoutant la radio, heureuse du parfum
qui flotte dans l’atmosphère comme un chuchotement de bienvenue.
17h35
Les
passagers sont massés devant les tapis roulants. Elle cherche ses cheveux
bruns, son T-shirt noir, appelle son numéro, obtient la messagerie. Personne.
Au même instant arrive un sms, posté à cinq heures ce matin, quand son
téléphone était encore éteint : « Elsa chérie, escale à Londres pour un contrat chez R. Je te rappelle. Je t’aime »
Ses mains se
tordent en un cri silencieux.