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1 mars 2008

message pour Elsa

Ils s’écrivent
ils se téléphonent rarement
de façon imprévue
rendre l’absence plus légère.

 

 

3 juillet

Trois heures du matin. Un cri la réveille, son cri de terreur, qui la projette hors du sommeil, tremblante, le souffle coupé. Nouée. Elle allume le PC, regarde les dernières photos que Gilles lui a envoyées de son reportage en Chine. Elle lui écrit un long message puis se recouche.

4 juillet

Sa lettre raconte une visite d’usines dans la province de Guangdong, puis dans le Sichuan à Chongking et Chengdu, une région très peuplée, où se fabriquent plus de cinq cent millions de paires de chaussures. Elle sourit aux minces feuilles de papier de riz couvertes d’idéogrammes qu’il a glissées dans l’enveloppe.

7 juillet

L’avion arrive ce soir. Des pêches aux épices frémissent sur le feu, elle travaille en écoutant la radio, heureuse du parfum qui flotte dans l’atmosphère comme un chuchotement de bienvenue.

 17h35

 Les passagers sont massés devant les tapis roulants. Elle cherche ses cheveux bruns, son T-shirt noir, appelle son numéro, obtient la messagerie. Personne. Au même instant arrive un sms, posté à cinq heures ce matin, quand son téléphone était encore éteint : « Elsa chérie, escale à Londres pour un contrat chez R. Je te rappelle. Je t’aime »

 Ses mains se tordent en un cri silencieux.

Il faudra quelques jours pour le confirmer : Gilles C. fut le seul Français tué dans l’attentat de Londres le 7 juillet 2005.

 

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