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25 mars 2008

Les dents de Babin

Dans le cadre de l’enquête sur Gisèle Babin, les psychologues sont invités à se pencher sur son enfance et son adolescence. On consulte également les dossiers des dentistes, orthodontistes et autres médecins qui l'ont suivie.

 

Comme Louis XIV, Gisèle était pourvue à la naissance de deux incisives, ce qui ne manqua pas de blesser sa mère, inexpérimentée à donner le sein. Il s’en suivit un réciproque antagonisme mère fille, chacune se méfiant de l’autre, ce que d’aucuns seraient prêts à nommer « le complexe de Babin ».

 Vers l’âge de cinq ans, à la chute de sa première dent de lait, on s’aperçut que l’infortunée enfant possédait trois rangées de dents. C’était un cas rarissime. Elle fut examinée par des membres de la faculté, les radios de son crâne furent étudiées par divers spécialistes. On tergiversa sur la conduite à tenir : opérer ou non ? Le père Babin coupa court et décréta qu’abondance de bien ne nuit pas et que cette denture superfétatoire pourrait s’avérer providentielle à l’âge où certains sont obligés de se munir d’un râtelier. Gisèle resta donc triplement dentée, et affublée d’un chuintement caractéristique. Ainsi ne pouvait-elle prononcer son prénom autrement que CCHSSIiiszszchszcheËEILLe, en accompagnant ce borborygme de quelques jets de salive.

Lorsque ses seins commencèrent à pointer et les garçons à l’intéresser, elle mesura la difficulté de se présenter ainsi et décida de ne plus jamais essuyer de quolibets. Elle résolut alors de consulter un orthophoniste et d’adopter un prénom élégant qu’elle pourrait aisément articuler : Amélie. 

 

 

 

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