Une ammonite de Namibie
J’étais
allée voir "les cercueils de zinc", pièce bouleversante qui résonnait
cruellement avec mon passé récent. En sortant, j’avais décidé de passer à l’agence chercher un dossier oublié pour
mon rendez-vous du lendemain.
Il y
avait de la lumière à une fenêtre. Lorsque j’ai ouvert le volet roulant, Didier
est venu à ma rencontre.
Pendant qu’il faisait couler un ristretto au
distributeur dans le couloir, je me suis assise à son bureau. Une photo de ses
enfants, quelques notes éparses, un grand cahier à spirales quadrillé, ouvert
sur des écrits et dessins en tous sens, rappels techniques, et un minuscule
poème, un haïku. Je me suis mise à pleurer les yeux dans le vide. Gênée par mes larmes et mon indiscrétion, je
me suis extasiée sur une belle ammonite près de l’ordinateur. Il a aussitôt évoqué ses voyages, les fossiles et les pierres qu’il aime.
En
parlant, il a écarté quelques cheveux de mes yeux, les a glissés derrière mon oreille. Sans y penser, j’ai posé mes lèvres sur les
siennes. Savourer la douceur de l’instant, à peine respirer. Sa main
s’appuyait légère sur mon épaule. J’ai
senti mon corps éclore comme un lotus.
Une
heure plus tard, un fou rire nous a saisis à la vue de nos vêtements épars dans
le bureau.