Petite musique des jours
Alors
fouiller
jusqu'au
désespoir
la
trame des jours
la
défaire
(Jean
Claude Izzo)
Un
matin je me suis réveillée auprès d’un homme que je ne connaissais pas.
Depuis
trois cents jours. Trois cents jours pendant lesquels patiemment il m’avait
conté l’histoire de nos dix années de vie commune. Emerveillée parfois, ennuyée
souvent, je l’avais écouté me dire ces faits et gestes d’un homme et d’une
femme qui m’étaient étrangers. J’avais regardé quelques milliers de
photographies. Reflets. Images dans un miroir. Reflets en négatif, en
diapositives. Traits qui ressemblaient aux miens. Des amoureux à la terrasse
d’un café. Une plage. Des villes, des paysages de montagne. Des appartements,
des maisons et des jardins. Des groupes d’amis. Rires, moues boudeuses, photos de familles. Je
parcourais toutes ces pages d’une vie effacée.
Nos
corps s'accordaient pourtant, dotés d'une mémoire réciproque. Pourtant.
Le
rideau était tombé.